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Valentin Vermeesch

Assassinat de Valentin Vermeesch

Le portrait de la victime et des accusés, dressé par les proches, les enquêteurs, les experts… au fil des audiences.

Voir notre ligne du temps pour un résumé des faits

Valentin Vermeesch

Attachant et généreux

Valentin Vermeesch

Valentin venait d’avoir 18 ans. Il avait appris à conduire avec un voisin et rêvait d’aller à la pêche. Il aimait le rap, les chansons d’Édith Piaf et son vélo, plus que tout. «On le connaissait comme ça, comme “le garçon à vélo”.»

Gentil, inoffensif, le premier à rendre service, toujours de bonne humeur, poli, protecteur envers ses frère et sœur, fusionnel avec sa grand-mère, généreux, espiègle: les témoins de moralité de Valentin sont unanimes quand il s’agit de le décrire.

Son grand-père maternel a rappelé qu’il était né «presque chez nous» puisque sa maman vivait alors encore là. Après qu’elle ait pris son envol avec son fils et son nouveau compagnon, Laurent Vermeesch (qui reconnaîtra l’enfant quelques années plus tard), Valentin a continué les allers-retours entre les deux habitations. «Ma femme était un peu comme sa deuxième maman.»

« Valentin a refait confiance à Hart »

La maman de Valentin, elle, s’est très peu exprimée. Submergée par l’émotion, elle a laissé son compagnon parler en leur nom. Il a évoqué un enfant «pas très facile mais sans méchanceté. Il avait un retard mental mais il se débrouillait quand même bien. Il était passionné de mécanique moto, c’était son petit rêve à lui.»
Les parents, qui connaissaient Alexandre Hart et l’avaient même hébergé quelques jours, s’en veulent aujourd’hui de lui avoir fait confiance après la première scène de coups et de tortures infligée à Valentin en février 2016. «On fait tous des erreurs dans la vie donc on peut se rabibocher. Valentin a refait confiance à Hart et ça lui a porté préjudice.» «Tout ça nous a arraché le cœur, notre famille ne s’en remettra pas», résume un oncle paternel.

«Comme si la vie de Valentin n’avait rien valu»

Le témoignage peut-être le plus poignant est venu d’un autre oncle, le frère de la maman de Valentin. Un homme de 40 ans, brisé par le chagrin. Qui a toujours eu un œil «sur le gamin», comme il l’appelle affectueusement. «Certes, il était dans un milieu précaire mais de l’amour, il en avait et il en donnait. C’était une bonté, toujours pour aider. On a dit de lui que c’était un mongol mais, finalement, c’est peut-être les gens comme lui, les gens normaux. Il n’avait pas de haine ou de colère, lui», faisant référence à «l’attitude désinvolte» des accusés. «Pour eux, c’est comme si la vie de Valentin n’avait rien valu. Ils lui ont pris sa vie, sa dignité et ça ne leur suffit pas encore. Ils n’ont pas eu un mot pour lui…»

L’enquêtrice chargée de l’enquête de moralité de Valentin aussi surnommé Tino, a évoqué les écoles spécialisées qu’il a fréquentées (et les nombreux absentéismes et le manque d’implication des parents) ainsi que ses divers placements avant un décrochage scolaire complet à 17 ans.

«Un enfant sauvage»

Elle a aussi parlé des problèmes de toxicomanie et des séjours en prison de Laurent Vermeesch, du fait que la maman se retrouvait dépassée et que Valentin était alors encore davantage livré à lui-même. «Ses besoins élémentaires n’étaient pas remplis, il était négligé, il y avait un manque d’hygiène. Ça ne facilitait pas ses contacts avec les autres. Il n’avait pas de pudeur ni de souci avec sa nudité. Au contraire, il s’exhibait facilement et parlait beaucoup de sexe.»

L’enquêtrice a décrit Valentin comme «un enfant sauvage», souffrant d’un handicap social et pour qui «une médication aurait sûrement pu être bénéfique». Pour elle, influençable et naïf, il n’était «pas en mesure d’évaluer les intentions des autres à son égard et, même petit, avait déjà tendance à retourner vers ceux qui lui faisaient du mal».

Pour un ami de Valentin, «si les services sociaux avaient encadré la famille, Valentin aurait pu être sauvé mais il est passé à la trappe, alors qu’il avait des aptitudes, des capacités». Un avis partagé par un cousin de la maman : «pour moi, on n’a pas donné aux parents de Valentin les moyens pour mieux l’encadrer. On leur a retiré les deux petits: pourquoi, si les raisons étaient bonnes de le faire pour eux, on n’a pas fait la même chose pour lui?»

Alexandre Hart

Versatile et menteur

Alexandre Hart, 21 ans, était «variable, versatile et menteur» lors de ses différentes auditions, a témoigné le commissaire qui l’a entendu. «C’est un garçon déconcertant. Lorsque l’on évoque des choses sérieuses, importantes et graves, lorsqu’il est question de violences, il apparaît sans présenter d’émotion, a-t-il expliqué à la cour. Il n’a pas de gêne et est assez détaché. On perçoit parfois de la fierté et une forme d’amusement» dans son chef.

Jaloux de son petit frère

Pour sa maman, Alexandre «était un bébé très facile, qui dormait beaucoup.» Elle évoque son enfance: la jalousie quand son petit frère naît un an et demi après lui, son côté renfermé pendant ses maternelles. «En primaire, comme il ne tenait plus en place, on est allés voir un pédopsychiatre qui a dit qu’il était hyperactif. Il a été sous Rilatine puis sous Fleurs de Bach.»

Une bouteille de vodka à 7h30

Alexandre Hart a toujours été suivi. Pédopsychiatre, psychologue, thérapie familiale, centres spécialisés. Mais ça n’a pas empêché qu’il tombe dans l’alcool. «On nous appelait parfois de l’école parce qu’il y arrivait saoul. Ça lui est arrivé de vider une bouteille de vodka à 7h30 du matin. L’école nous appelait et on allait le rechercher.»

Un professeur de construction de l’Ecole Polytechnique de Huy évoque « un élève qui pouvait sortir du cours à sa guise, parce qu’il n’avait pas envie de travailler ou de faire ce qu’on lui demandait. Il n’avait pas l’air d’être juste dans sa tête».

Le centre PMS de Huy le décrivait déjà durant ses études comme un garçon violent et dangereux: «il n’était jamais passé à l’acte mais il était toujours sur le fil»

Tendance à la manipulation

Alexandre Hart a suivi des cycles de formation à l’Institut wallon de formation en alternance et des indépendants et petites et moyennes entreprises (IFAPME). Ses professeurs ont relevé qu’il ne leur avait pas posé de problèmes disciplinaires et qu’il ne s’était pas montré grossier et vulgaire. Alexandre Hart semblait très seul, isolé et délaissé par sa famille.

L’accusé présentait la particularité de parler de lui dans un sens très négatif. Son discours était interpellant car il se vantait en utilisant des éléments en sa défaveur. Cette attitude a été cernée comme une tendance à la manipulation afin que les professeurs s’apitoient sur son sort.

Engagé comme apprenti chez un entrepreneur, Alexandre Hart y a montré de la bonne volonté durant sept mois. Il se comportait bien, était courageux et avait envie d’apprendre. Ses mauvaises fréquentations ainsi que ses consommations d’alcool et de stupéfiants ont fait décliner sa rentabilité. Il a été remercié pour ces raisons.

Fasciné par des faits dramatiques

Alexandre Hart avait aussi tenu des paroles déplacées à la suite de faits dramatiques. Après l’accident lors duquel il avait blessé son frère à la joue avec une tronçonneuse, il avait déclaré que son frère avait «saigné comme un goret», et que c’était «magnifique». L’accusé a aussi prétendu avoir assisté à un accident mortel qui s’était déroulé au Rallye du Condroz. Il avait décrit ces faits de manière très détaillée. «C’est exceptionnel d’assister à de tels faits et de voir un corps désarticulé tourner dans les airs», avait-il commenté.

L’enquêteur a également signalé un fait anecdotique qui s’est déroulé après un interrogatoire. Alors que le policier le reconduisait à la prison de Lantin, Alexandre Hart avait manifesté son intérêt pour la police. «Il m’a demandé si, quand tout ceci serait fini, il ne pourrait pas entrer dans la police», a rapporté le policier.

Tuer un chat à coup de pelle

Lors de son témoignage, la maman de Dorian Daniels est revenue sur le sentiment que lui inspirait Alexandre Hart, ami de son fils et qui passait souvent chez eux: « C’était un jeune homme mystérieux qui nous a dit avoir fait de la prison, avoir été interné et aimait mutiler les chats. Je me disais qu’il avait tendance à fabuler. Puis, une fois, il a demandé la permission de frapper ma belle-fille avec qui Dorian sortait et était en train de se disputer. J’ai répondu que non. Et j’ai dès lors mis un frein avec lui.»
Lors d’une audience du procès, Alexandre Hart a aussi confirmé un acte de barbarie envers un animal : «oui, c’est déjà arrivé que je tue un chat, avec un coup de pelle. Parce qu’il embêtait toujours mon chat.»

Des ossements comme décoration

Et la présence d’os dans sa chambre, un autre fait relaté durant les témoignages de ce vendredi matin? «Oui, j’ai un crâne d’animal et plusieurs os que j’ai trouvés. Je les avais trouvés derrière une église désaffectée.» Avec quel plaisir?, interroge la présidente? «Ce n’est pas un plaisir, juste pour la décoration.»

Killian Wilmet

Incapable d’empathie

Killian Wilmet

Killian Wilmet (18 ans) est décrit comme violent, d’une grande froideur émotionnelle, incapable d’empathie et de gérer sa frustration.
L’enquêteur qui l’a entendu estime que Killian «a semblé spontané dans ses déclarations. ll ne s’épanche pas longuement mais il apportait parfois des précisions supplémentaires» avant même que les enquêteurs ne lui posent de questions, a souligné le policier.
Mineur au moment des faits, il figure parmi les accusés car le tribunal de la jeunesse s’est dessaisi, estimant qu’aucune mesure éducative n’était envisageable.

Une attitude de caïd

«L’Autre n’existe pas pour Killian Wilmet.» Voilà le verdict des deux experts qui ont vu le jeune homme à plusieurs reprises. Le jeune homme s’est montré très renfermé, froid, distant face aux experts. «Il affiche une attitude de caïd, il remonte la tirette de son pull à capuche sur son menton et a les yeux mi-clos. Il semble à la limite de l’explosion, il ne laisse aucune émotion transparaître.»
Outre un parcours scolaire chaotique, les deux experts n’ont pas pu obtenir beaucoup d’informations sur le passé de Killian, sur sa vie de famille. «Il ne présente aucun lien d’attachement à un membre de sa famille ou à un tiers. L’autre est menaçant, il doit être maintenu à distance. Il n’existe pas.»

Peu de perspective d’avenir

Les experts notent des pulsions sadiques chez Killian, «il se décharge de manière agressive sans motif particulier». Ils relèvent aussi chez lui des traits psychopathiques. Ils sont peu optimistes pour le futur de Killian. «Les succès d’une prise en charge sont pauvres et le risque de récidive ne peut pas être négligé.»

La cour a demandé aux experts de faire un parallèle entre Alexandre Hart et Killian Wilmet, tous deux décrits par les experts comme des psychopathes. «Chez Alexandre Hart, l’autre existe. Il est un objet pour affirmer sa toute-puissance. Chez Killian, l’autre n’existe pas.» «Ça veut dire que Killian Wilmet est perdu, qu’il n’y a aucun espoir?», demande son conseil, Me Xavier Mercier. «Il n’y a honnêtement pas beaucoup de perspectives d’avenir, malgré le jeune âge de Killian. La capacité d’empathie s’apprend à l’école gardienne. La psychopathie est génétiquement déterminée.»

Loïck Masson

Suiveur

Loïck Masson

Loïck Masson, 23 ans, s’est «parfois embarqué dans des explications abracadabrantes», a relevé l’enquêtrice qui l’a entendu à plusieurs reprises. Il s’est toujours présenté comme une victime et a expliqué avoir agi sous «la pression et la menace d’Alexandre». Menaces qui n’ont pas été confirmées par les autres accusés ou témoins, a souligné l’enquêtrice.
L’enquêtrice ajoute que l’accusé a tenté d’influencer les policiers «en adoptant certaines attitudes d’une personne autiste, soit un balancement d’avant en arrière». Les expertises médicales n’ont pas confirmé qu’il souffrait de ce trouble.

« Il a voulu plaire»

«Il émarge aux fonds des handicapés pour un léger retard mental», explique le psychiatre Anthony Schena. Le QI de Loïck Masson se situe entre 50 et 70 et plus vers 70 que 50, la moyenne étant à 100. Il n’est pas dépressif, pas anxieux, n’a pas une personnalité psychotique ni un trouble mental.
Comment expliquer son passage à l’acte? Son sentiment d’infériorité, sa crainte d’être rejeté, d’être critiqué. Il se décrit comme une personne mise à l’écart, peu aimée et peu aimable. Son manque d’autonomie le pousse à se mettre en retrait de ses propres besoins, «il se soumet pour aller chercher la reconnaissance des autres. Il a voulu plaire à ce groupe».

Si les experts estiment qu’il n’est pas impossible qu’il passe encore à l’acte, «ça dépendra de ses fréquentations», un travail psycho-éducatif lui permettra de ne pas retomber dans ces travers.

Belinda Donnay

Immature

Belinda Donnay

Belinda Donnay, 22 ans, a été ballottée toute son enfance et son adolescence. À tous les niveaux. Elle a vécu dans des familles recomposées où gravitaient dix demi-frères et sœurs. Des déménagements, elle en a connu dix et des écoles, au moins neuf. Autant dire que Belinda n’a jamais réussi à s’ancrer, à trouver sa place. «Elle n’a manqué de rien sauf de repères», a détaillé l’enquêteur devant la cour.

La jeune Hutoise est pourtant née d’une relation d’amour. « Un enfant voulu, désiré, insiste son papa. Mais nous étions sans doute trop jeunes. On s’est séparé 9 mois après sa naissance.» Et Belinda est principalement restée sous la garde de sa maman.
Le père de Belinda a participé, par des gardes accordées tous les 15 jours, à son éducation jusqu’à l’âge de 12 ans. «C’est une enfant qui n’a pas posé de souci. Je n’ai jamais eu à crier sur elle», a précisé le père qui a ensuite connu une rupture avec sa fille de ses 12 à 20 ans, un peu après s’être remis en ménage avec sa compagne actuelle. Là, dans une maison plus petite, Belinda dit ne pas avoir trouvé sa place.

Livrée à elle-même

Chez sa maman, Belinda ne trouve pas non plus l’affection et le besoin de reconnaissance qu’elle recherche. Car très tôt, vu la taille de la famille, on lui donne des responsabilités dans la maison. «Elle était souvent livrée à elle-même. Elle devait s’occuper des petits, du ménage. Il est arrivé que les parents partent en vacances et la laissent s’occuper de la fratrie», explique un proche.
Mais à la cour, des témoins rappellent aussi qu’elle n’a jamais manqué de rien, qu’elle a reçu une bonne éducation. «En fait, elle n’avait pas d’adulte référent, précise un témoin. Elle était mal à l’aise en société et soumise dans son cadre familial.» Elle a également rencontré de grosses difficultés à l’école de coiffure, à Liège. «Elle y a fait une dépression suite à des problèmes d’intégration. C’était une fille de la campagne, qui ne se maquillait pas…»

Tout bascule lors de la rencontre avec Alexandre Hart

Les témoins ont unanimement décrit une enfant gentille, serviable, «avec un caractère trempé, bien que suiveuse» mais qui, en fin d’adolescence s’est de plus en plus opposé à sa maman et à son beau-père. «Elle avait besoin d’indépendance mais sans doute était-ce trop tôt», avance sa grand-mère paternelle. Tous relèvent que la rencontre avec Alexandre Hart, que ses proches n’appréciaient pas, est l’élément charnière autour duquel tout a basculé. « On était fusionnelle depuis l’adolescence. On se voyait tous les jours, raconte son ancienne amie. Elle était gentille, le cœur sur la main. Et puis fin 2016, ça n’a plus été la même chose. Elle a eu de nouvelles fréquentations. Elle était plus distante, a commencé à me mentir, a refumé des joints. Alexandre la trompait mais elle revenait toujours vers lui. On a cessé tout contact. » «Elle était amoureuse, elle y était accrochée», explique son oncle, persuadé qu’elle s’est faite manipuler, « car elle est immature et en manque d’affection».

Belinda Donnay est décrite par les enquêteurs comme «cordiale et polie mais peu collaborante. Elle ne dit des choses que si on lui pose des questions précises». Souvent, «lorsque de nouveaux éléments lui sont soumis, elle dit ne pas (avoir été) présente, ne s’en souvient absolument pas, voire nie que cela se soit passé». C’est tout de même grâce à elle que la police a retrouvé le pistolet à billes d’Alexandre, caché chez un voisin, souligne l’enquêteur.

Dorian Daniels

Influençable

Dorian Daniels

Timide, réservé, peureux, sortant peu mais sociable, jamais agressif ni violent. Tous les témoins de moralité ont parlé d’une seule voix Dorian Daniels. Et clairement, son portrait est discordant au regard des faits qui lui sont reprochés.

«C’est un enfant qui aimait faire rigoler les autres»

Le jeune homme de 22 ans est issu d’une famille très modeste. Une famille qui n’a jamais connu de démêlés avec la justice. Une famille où on apprend la valeur du travail, la politesse, le respect des règles. Et Dorian Daniels s’y pliait sans aucun souci. «C’est un enfant qui aimait faire rigoler les autres, heureux. Je n’ai jamais eu de problème avec lui, à part pour l’école», raconte sa maman à la barre.
Depuis la maternelle, Dorian n’aimait pas être scolarisé. À partir des études secondaires, il a «brossé» les cours, notamment avec Alexandre Hart. «On flânait dans les parcs, on ne faisait de connerie. On attendait que la journée passe», a cité l’enquêteur lors de la synthèse de moralité en reprenant les déclarations de l’accusé.

Doux, gentil mais renfermé

«Je ne l’ai jamais vu violent ni agressif avec qui que ce soit», assure son parrain qui évoque, lui aussi, une évolution «normale, classique». Tous décrivent un enfant puis un adolescent doux, gentil, mais renfermé, timide et suiveur. «Un peu couillon même, note la maman. Quand on élevait la voix, il partait.» Plutôt que de sortir, l’adolescent préférait rester dans sa chambre, avec ses jeux vidéo, avait peu d’amis, peu de loisirs, ne sortait pas en boîte. «Il préférait se promener», ajoute sa maman. Il ne buvait pas, ne fumait un joint que très occasionnellement. Il entretenait avec sa petite sœur une relation très forte, fusionnelle même. «Il m’avait raconté avoir donné deux baffes à une personne qui avait mal parlé d’elle. C’est la seule fois où je l’ai connu énervé. Et je l’avais réprimandé», se souvient encore la maman. Son côté «immature» et «gamin» est également relevé par plusieurs témoins. «Dans le choix de décision, il avait difficile», n’était pas toujours clairvoyant. D’autres évoquent un garçon mal équilibré, qui se cherche, pas sûr de lui et influençable. «Il m’a dit en prison qu’il avait toujours eu peur d’Alexandre mais sans jamais pouvoir expliquer pourquoi», note son parrain.

Le meilleur ami de Dorian Daniels a décrit quant à lui un garçon « sincère, honnête, sensible, toujours là pour les autres. Je n’ai jamais rien eu à lui reprocher en amitié. Je ne vois pas le mal en lui.» Il pointe cependant un manque de maturité. «Il est trop gentil et fait confiance aux mauvaises personnes. Je lui avais dit de s’écarter de ces personnes, notamment Alexandre Hart. Mais il les trouvait gentils.»

Du temps pour reconnaître son rôle actif dans les faits

C’est lui aussi qui aurait reçu des confidences de son ami quelques jours après les faits alors qu’il ne s’était pas encore dénoncé. «Des messages de désolation comme: la vie ne mérite pas d’être vécue, j’ai envie d’en finir… J’ai appris qu’il a voulu sauter du pont de Huy et que sa sœur l’a rattrapé au dernier moment.»

Lors de l’enquête, Dorian Daniels n’a jamais posé «le moindre problème, il a toujours été collaborant, poli, tout en ayant des difficultés à établir la chronologie des faits». Il a parfois «fourni spontanément des faits mais a toujours tenté de minimiser son implication», relève l’enquêteur. Il mettra d’ailleurs du temps à reconnaître son rôle actif dans les faits. Il n’avouera qu’une fois confronté aux enregistrements, qu’il n’a d’ailleurs jamais voulu «écouter ou voir». L’accusé a parfois tenu des propos qui ont étonné l’enquêteur, comme lorsqu’il a affirmé que la nuit avait été «atroce pour tout le monde». Il a déclaré qu’il «ne comprenait pas comment cette nuit de calvaire et cette fin tragique avaient pu exister mais qu’il les regrettait».

Crédits

  • Journaliste : Anne-Françoise Bertrand, Sabine Lourtie & Sarah Janssens
  • Illustration : Sébastien Cattalini
  • Développeur : Cédric Dussart
  • Coordination : Arnaud Wéry
  • Date de publication : 7 juin 2019