Premiers pas de l’homme sur la Lune

Nos abonnés se souviennent



Dans le cadre du 50e anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, nous avons lancé un appel à nos abonnés: racontez-nous vos souvenirs. Ils ont été nombreux à répondre. Des témoignages parfois très précis ou plus lacunaires, quelques bribes. Tous font transparaître une émotion, un moment fort. Découvrez une sélection de 9 témoignages marquants. Et retrouvez l’ensemble des témoignages en dessous de cette sélection.

Dans le cadre du 50e anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, nous avons lancé un appel à nos abonnés: racontez-nous vos souvenirs. Ils ont été nombreux à répondre. Découvrez une sélection de 9 témoignages marquants. Et retrouvez l’ensemble des témoignages en dessous de cette sélection.

Jacqueline

était dans le train avec des gendarmes

En juillet 1969, Jacqueline Dubout avait 14 ans. “Cette nuit là, j’étais dans le train de nuit en direction de Saint-Gervais en Haute Savoie pour passer les vacances chez mon oncle et ma tante.
J’ai fait tout le voyage en compagnie de 3 jeunes gendarmes qui étaient affectés au peloton de gendarmerie de Chamonix. Ils avaient une radio et nous avons passé la nuit à écouter le reportage et à jouer à la belote. Je ne me souviens plus qui a gagné mais je me souviens qu’ils ont pris le temps de m’expliquer tout ce qui se passait et pour moi c’était une découverte étonnante.
J’ai passé ensuite ma première journée de vacances à dormir ! Je venais de vivre ma première nuit blanche. 50 ans plus tard, je m’en souviens comme si c’était hier.”

Paulette

A quitté la fête annuelle du village pour suivre l’alunissage

J'avais 19 ans, c'était la fête annuelle du village mais je l'ai quittée avec d'autres membres de ma famille pour aller regarder la télévision en direct au milieu de la nuit. Nous étions réunis devant la TV (en noir et blanc) de la maison de campagne d'un oncle. Nous n'avions pas encore de TV chez nous.
Moi, je me souviens d'une grande impatience, d'une grande curiosité, d'une certaine incrédulité mais aussi d'un certain stress: tout allait-il bien se passer pour ces 2 hommes? Les images étaient loin d'être nettes mais peu importe: il me (nous) fallait voir cet événement extraordinaire.
Beau souvenir... J'y repense presque chaque année au 21 juillet. Les images des hommes sautillant sur la Lune sont restées bien vivantes dans ma mémoire.

Pierre

A réveillé une partie de l’hôtel

Dans les années 60, pour les grandes vacances, la famille de Pierre Boever avait ses habitudes dans un hôtel familial à Verdier: le “Mont-Fort”. Dans cet établissement qui pouvait accueillir entre 30 et 50 personnes, le jeune garçon y avait même ses entrées: “Je pouvais aller en cuisine ou me servir au bar”. Et ce 21 juillet 1969, c’est justement dans ce village suisse que réside la famille.
“J'avais 13 ans. Tous les résidents de l'hôtel étaient rivés sur l'écran de TV (en noir et blanc !). On a vu l'alunissage, puis on a attendu, attendu, attendu. La TSR n'avait rien prévu comme "interlude" ni comme programme d'attente, ils répétaient toujours “Dans quelques minutes, les premiers pas, dans quelques minutes, les premiers pas...” Mon père fulminait. Tour à tour, les résidents ont été se coucher en nous demandant à mon frère et moi d'aller les réveiller lorsque l'on annoncerait avec certitude la sortie du premier astronaute ! Nous avions les numéros de chambre de tous les intéressés. Au moment où la porte du module lunaire s’est ouverte, nous savions qu’il y aurait encore entre 10 et 15 minutes avant que les astronautes ne posent le pied sur la Lune. Nous avons été réveiller la quinzaine de chambres qui nous l’avait demandé. La salle de restaurant s'est remplie de gens en pyjama et chemise de nuit ! Et l'hôtelier a offert le "fendant" (vin blanc) pour fêter ça! Après cette longue nuit, le lendemain matin, mon frère et moi nous nous sommes levés vers midi, juste pour dîner.

Luc

A fait 87 km à vélo pour voir l’événement chez sa marraine

L’actuel bourgmestre de Beloeil, Luc Vansaingele, garde un souvenir très précis de ce 21 juillet 1969 et des jours précédents l’alunissage. “La vie à la ferme était rythmée par les saisons. Les belles journées d’été étaient propices au travail des champs. La moisson était en avance grâce aux prévisions du temps qui guidaient toute l’activité estivale.

Le Courrier de l’Escaut « Le plus ancien journal de Belgique » et la radio nous reliaient au monde extérieur qui semblait bien lointain où tout était nouveau et donc il valait mieux s’en méfier. Un Belge va gagner le Tour de France, un Américain va marcher sur la Lune.
Qu’est-ce qui était vrai ?
Pour l’adolescent de 13 ans que j’étais, tout cela était magique et me procurait une irrésistible envie de découverte. Libéré pour trois jours de travaux des champs, j’ai reçu pour l’occasion l’autorisation de me rendre chez ma marraine et mon parrain qui possédaient cet objet magique « la télévision ».
Mais voilà, entre Hérinnes et Houdeng-Aimeries la route est longue à l’époque où la voiture était encore un luxe réservé aux plus nantis. Mon Torpédo sans vitesse mais avec freinage par rétropédalage suffirait. Nous sommes donc partis la veille avec Marcel, un ami de la famille passionné de vélo, qui me servirait de guide protecteur.
L’itinéraire n’était pas très original. Les grandes routes d’aujourd’hui étaient peu fréquentées. Sur les pistes cyclables, on se trouvait bien plus en sécurité. Tournai et ses cinq clochers, Basècles, curieux village avec ses nombreux virages (qui vient un jour y revient toujours), le beffroi de Mons, les ascenseurs du Canal du Centre et l’arrivée triomphale à Houdeng après un périple de 87 kilomètres.
Le triomphe d’Eddy, petit Belge qu’on attendait depuis trente ans, entrant sur la piste parisienne le bras levé était lui, bien réel. Bien sûr ça ne servait pas à grand-chose qu’il ait porté un maillot jaune puisque la télé était en noir et blanc. Mais j’étais fier de lui, dont je me sentais déjà un équipier puisque j’avais aussi remporté ma première victoire la veille.
La fatigue du voyage s’était fait sentir. C’est donc avec un peu de résistance que j’avais bien voulu me lever lorsque Marcel m’a réveillé pour assister en direct aux premiers pas de Neil Armstrong, un grand pas pour l’humanité, un moment d’insomnie pour moi. Les images étaient troubles, toujours en noir et blanc (alors que la Lune se devait elle aussi d’être en jaune). Je me demandais bien ce que les astronautes faisaient sur ce sol caillouteux à tourner autour de cet engin posé sur le sol lunaire. Je n’avais pas vraiment conscience de vivre un moment d’exception, mais j’étais levé et puis cela m’a permis de m’en souvenir cinquante ans plus tard.

José

Son grand-père était émerveillé

Les 50 ans des premiers pas sur la Lune sont pour José Yernaux, de Sambreville, l’occasion de se remémorer une anecdote concernant son grand-père adoré, Constant Yernaux, né en 1881 et décédé en 1970.
Une anecdote dont Antoine de Saint-Exupéry aurait pu s’inspirer pour “Le Petit Prince”: “Mon grand-père était maréchal-ferrant et un soir, assis sur un banc, nous étions fascinés par la Lune, j’avais 4 ou 5 ans, alors il me fit la promesse (non tenue !..) de fabriquer une échelle pour aller la visiter.
Lors de "la marche sur la Lune", il s’était levé la nuit pour regarder cet évènement et en était resté émerveillé ! Le matin, il me confia, en wallon naturellement, qu’il avait connu pendant sa vie une évolution technologique formidable. «Vos vos rindoz compte, dja connu les draisiennes, è l’gnût passée dja vèyu roté su’Lune !» (« Vous vous rendez compte, j’ai connu les draisiennes - vélos en bois sans pédalier - et la nuit passée j’ai vu marcher sur la Lune »). En 1970, quand il est parti, sans échelle, je crois qu’il a dû faire un petit détour et passer chez sa copine, la Lune !”

Marie-Laurence

Son camp patro a été accueillis chez des villageois

Ce 21 juillet 1969, Marie-Laurence Dechamps avait 10 ans. Elle participait à un camp patro qui avait pris ses quartiers dans un ancien séchoir à tabac, pas très loin de la Semois, dans le petit village de Poupehan. Un petit village qui allait être rattaché, quelques années plus tard, à la commune de Bouillon. “Notre dirigeante avait trouvé un villageois qui acceptait de nous recevoir toutes chez lui. Nous étions une dizaine et nous étions tous entassés dans la pièce où il y avait la télévision. Nous avions ainsi pu suivre le reportage en direct.
Je ne m'attendais pas à voir un paysage désertique ainsi, en plus il faisait tout noir et on ne voyait pas grand chose.”

Joëlle

Pour sa grand-mère, c’étaient des “sornettes”

Joëlle Béké était chez sa grand-mère à Horrues cet été 1969. “Ma grand-mère n'allumait son poste de télévision qu'au soir pour regarder les informations et éventuellement le programme du soir.
Il était placé sur un plateau à roulettes (comme on les réalisait en ce temps-là, barres fines en métal noir et doré), dans la chambre de ma grand-mère qui jouxtait la pièce de salle à manger au rez-de-chaussée.
En soirée, elle avançait le haut plateau dans le salon, contre le mur de la chambre (soit plus ou moins au centre de la pièce rectangulaire à côté de la porte de la chambre) et elle allumait le téléviseur...
Un fauteuil était installé à côté de la cheminée en face de l'écran, un petit divan rouge deux places longeait la fenêtre côté rue, donc très proche du fauteuil. Une longue table et ses chaises étaient au centre de la pièce séparant la cheminée, le fauteuil et la TV. Elle s'installait dans le fauteuil... Mais là, ayant 9 ans et étant en vacances, je ne pourrais vous dire qu'elle date nous étions. Étions-nous le 22 juillet ou plus tard? toujours est-il, qu'en soirée elle alluma le téléviseur et dès que l'on vit les images d'Armstrong descendre du module lunaire suivi des commentaires, elle éteignit l'appareil, en préparant son déplacement pour le remettre en place, tout en grommelant quelque chose comme : "Sornettes que cela!", "Ce sont des mensonges"... "Comme si c'était possible!" ... Et d'autres commentaires négatifs dans le genre!
Ne me demandant pas mon avis...et me laissant sur ma faim!
Comme nous étions début de semaine, je me demande si je ne devais pas rester toute la semaine chez ma grand-mère, je me rappelle n'avoir vu que des bribes à la télévision jusqu'à ce que je retourne à la maison où, j'ai à volonté, pu regarder et lire tous les documentaires et journaux concernant les premiers pas sur la Lune!”

Bernard

A écrit un livre avec son frère

Cette nuit-là,mon frère et moi (10 et 12 ans ), avons eu l'autorisation de veiller pour assister à cet événement historique.Nous étions déjà passionnés par la conquête spatiale : notre Papa nous avait fait découvrir "les dossiers espace de Wim Dannau" parus chez Casterman en 1966. Je me souviens aussi d'un album avec vignettes traitant des missions "Gemini" et "Apollo".
Après des heures d'attente, en pyjama,les yeux rivés sur le petit écran noir et blanc,nous sommes restés bouche bée devant cette image blafarde et fantomatique de Neil Armstrong posant le pied sur la Lune. Pour nous, cela voulait dire que l'an 2000 n'était plus très loin et que nous irions bientôt nous promener sur Mars...Tout devenait possible.
Quelques semaines plus tard, mon frère et moi avons illustré et écrit un petit ouvrage, avec nos dessins et nos mots d'enfants.Il s'intitulait :"La Lune à bout de fusée". Je garde précieusement cet opuscule!
De nombreuses années plus tard,c'est cette image de mauvaise qualité qui m'a poussé à visiter par deux fois Cape Kennedy. A maintenant 60 et 62 ans,ces souvenirs restent dans nos mémoires et la passion est toujours là.

Pierre

Était avec tous les vacanciers devant la TV

Pierre Pirard, de Sainte-Ode, n’avait que 9 ans en cet été 69 mais il se souvient très bien de ce moment: “Mes parents ayant une vie professionnelle très active, comme chaque année, je passais quelques jours de vacances à la mer, au Coq, avec ma grand-mère et mes deux sœurs.
Nous étions en villégiature à la résidence L'Astoria (résidence mutualiste) et vu l'importance de l'événement, tous les vacanciers étaient réunis dans la salle TV car à l'époque, il n'y avait pas de TV dans les chambres.
Je me souviens de la rumeur qui a parcouru la salle quand Armstrong a fait son premier pas légèrement bondissant et des applaudissements lorsqu'il a planté le drapeau US...
Je dois bien avouer que je ne mesurais pas alors la prouesse technique réalisée en ce jour mémorable dès lors que Tintin l'avait déjà accomplie... Par contre, je me souviens d'avoir été très fier de pouvoir être devant la TV au milieu de la nuit.”

Plus de témoignages

Aujourd’hui, Fabienne travaille pour l’Agence spatiale européenne

Fabienne Delhaise

J’avais 4 ans et le lendemain, lorsque maman a raconté à tout le monde qu’elle s’était levée à 4h du matin pour voir l’événement en direct à la télévision, j’étais furieuse qu’elle ne m’ait pas réveillée !
Aujourd’hui je travaille pour l’Agence spatiale européenne (ESA) en tant qu’ingénieure en communication.
Maman, 85 ans aujourd’hui, ne cesse de me rappeler l’événement dont j’ai moi-même encore quelques souvenirs.

Chez des voisins

Jacques Mairesse

J’avais 17 ans. Nous avons passé des heures devant la télévision des voisins à attendre qu'Amstrong sorte et mette le pied sur la Lune, il devait être 3 ou 4 heures du matin, il faisait chaud, des images en noir et blanc de mauvaise qualité. Longue attente pour des images de mauvaise qualité.

Saturn V d'Apollo 11 décole avec les astronautes Neil A. Armstrong, Michael Collins et Edwin E. Aldrin Jr.

Les astronautes ont oublié la lumière

Albert et Annie Franchimont

Nous nous souvenons très précisément de cette nuit passée devant notre télé. Les images étaient un peu floues et nous ne comprenions pas parfaitement ce qui se passait sous nos yeux. Mais ce premier pas sautillant est resté gravé dans nos mémoires. Le sujet était dans toutes les conversations. La nuit suivante il y avait un clair de Lune magnifique et alors que je faisais la toilette de notre petit Benoît de 2 ans il me fit cette remarque amusante : « Ils ont oublié la mumière » pour la lumière bien sûr.
Après la victoire d'Eddy, c’était une journée de bonheur.

Il n’a pas su réveiller son épouse

Roland Laebens

Cette nuit-là j'étais chez moi et avec mon épouse, nous suivions cette belle performance.Vers 1h mon épouse n'y tenant plus est allée se coucher. Au moment où le astronaute allait descendre du LEM (NDLR: le module lunaire utilisé pour débarquer des hommes sur la Lune), pas moyen de la réveiller !
J'ai donc suivi ce moment tout seul . Mais quel souvenir !

Au bord du lac Léman

Alain Renier (Charleroi)

J'avais 10 ans lorsque l'homme a fait ses premiers pas sur la Lune mais j'étais déjà passionné par l'exploration spatiale. Malheureusement je n'ai pas pu suivre cette épopée en direct. Nous étions en vacances en famille au bord du Lac Léman en Suisse durant toute la mission et nous n'avions pas l'accès à la télévision. Le soir avant de me coucher, je regardais les étoiles et rêvais de pouvoir un jour faire ce beau voyage. J'espère connaître à nouveau ce moment dans les prochaines années.

Avec le biberon pour le petit

Jean-Marie Henry (Chastre)

Nous venions d’acheter une télévision et étions, depuis le 8 mai, les heureux parents d’un petit garçon. Celui-ci réclamait chaque nuit son biberon et c’est donc, sans mérite aucun, que nous avons profité de ce moment pour découvrir l’exploit formidable de ces hommes.

Le Module Lunaire Apollo 11 « Eagle », dans sa configuration d’atterrissage, photographié depuis l’orbite lunaire à partir des modules de commande et de service.

À la boulangerie

Bernard Menet

Comme apprenti boulanger, nous avons arrêté de travailler 10 minutes pour voir l’alunissage et bien plus tard, 10 minutes pour voir le premier pas.

Cela nous paraissait irréel

Hélène Devillers (Tournai)

Je me souviens très bien. J’étais jeune maman d’un bébé de 6 mois. Nous n'avions pas la télévision. Mon mari est parti voir l'événement en direct chez sa soeur (à 6 km de la maison).
Moi, je suis allée le voir le lendemain lors d'une rediffusion. Oui, ce fut l'événement et on était constamment à l'écoute de la radio pour suivre l'évolution... Cela nous paraissait irréel et moi, en tout cas, je pensais beaucoup aux aventures de Tintin sur la Lune... Les images étaient en noir et blanc et n'étaient pas très nettes...

Des dias qu’il regarde encore aujourd’hui

François Leclercq (Vaulx)

À l’époque, François Leclerq habitait Montigny-le-Tilleul. Il avait 28 ans en cet été 1969. Passionné de photo, il avait tout prévu : “Avec mon épouse, nous avons suivi, en direct, cet événement. Et pour en garder un souvenir, j'ai installé mon appareil photo sur un pied et j’ai photographié l’écran de la TV...” Il avait pris ses photos en vue de les partager avec ses enfants et petits-enfants. C’est finalement avec ses neveux et nièces qu’il a eu l’occasion de partager ces souvenirs. “Et à chaque fois, on sortait ensuite de la maison pour montrer la Lune.” "J’ai toujours ces 25 diapositives et il m’arrive encore de les regarder..."

Plus impressionné par Merckx

Bernard Wiame (La Bruyère)

Étant né en 1950, je me souviens être resté devant la TV pour suivre les premiers pas et des images d’une autre époque. Ces premiers pas, je dois dire, ne m’ont pas autant impressionné ... que la victoire la veille d’Eddy Merckx au Tour de France : c’est cette victoire que je retiens encore aujourd’hui, n’en déplaise aux astronautes et... aux américains.

Le côté éloigné de la Lune est sinueux et remplis de cratères.

Papa tout ébahi

Marie-Claire Meurisse

Je me souviens que papa avait passé la nuit devant la télé et que lorsque je me suis levée, il était tout ébahi en se demandant si c'était bien vrai, s’il n’avait pas rêvé.

Juste avant le départ au camp scout

Francis Pier (Waremme)

C’était l’année de mes 17 ans et mes très bons souvenirs sont toujours parfaitement intacts.
Plusieurs épopées se sont enchainées en quelques jours. La première, celle de notre Eddy national qui s’achève à Paris par une indiscutable victoire après 3 semaines épiques qui ont rendu aux Belges le goût du vélo.
La principale épopée étant "la marche sur la Lune", j’étais devant la TV cette fin de nuit ou petit matin pour ne rien rater de cet évènement historique.
En effet, il s’agissait des premiers pas des Américains sur la Lune quelques années après ceux de notre Tintin national dont j’avais lu et relu les 2 livres qui relataient cet évènement avec d’ailleurs beaucoup de similitudes et de précision. Car comme toujours, Hergé était très bien documenté sur le sujet.
Après l’épopée « lunaire » je ne suis pas retourné au lit car une autre épopée nous attendait dès le matin. Epopée certes méconnue du grand public mais très importante pour nous. C’était l’épopée des scouts de Waremme (il faut se placer dans le contexte de 1969) qui pour la première fois quittaient le pays pour établir leur camp à Plaudren, petit village du Morbihan au sud de la Bretagne.
Et quelle épopée de voir débarquer dans le métro parisien un matin d’affluence 25 gars sacs au dos avec tentes, casseroles, gamelles, et la fierté accompagnée de l’euphorie d’être les compatriotes du vainqueur du Tour de France. Je ne vous dis pas l’ambiance...
Je crois que je n’oublierai jamais les 3 évènements que je viens de résumer dans ce petit mail

En colonie de vacances

Marie-Claude Pierre (Messancy)

J'avais 14 ans et j'étais en colonie de vacances au Chardon Bleu à la Panne. Nous avons été réveillés plus tôt que d'habitude pour voir en direct le premier pas de l'homme sur la Lune. Je me vois encore assise dans le grand réfectoire, les yeux rivés sur la télé.

Les enfants rejouaient les premiers pas

Vincent Dubois (Tournai)

Je m’en souviens très bien. C’était l’année de mes 9 ans (j’allais les avoir le 15 novembre) et j’étais en camping avec mes parents à Serre-Chevalier, dans les Hautes-Alpes. Le gérant du camping avait installé une TV en plein air en plein milieu du camp. Tous les campeurs étaient présents et ont passé la nuit devant le petit écran (en noir et blanc) pour ne rien rater de l’événement. Ce qui était aussi émouvant, c’est qu’après la diffusion des images à la TV, les spectateurs levèrent tous en même temps les yeux vers la Lune. Par la suite, le jeu préféré des gamins du camping consistait à revivre ces premiers pas sur le rocher... Les jouets en vogue juste après étaient des maquettes en rapport avec l’espace ou des déguisements de astronautes.

Le Module de commande et de service d'Apollo 11 photographié depuis le Module Lunaire dans l'orbite de la Lune.

Dans un kot à Liège

Françoise Wathelet (Tellin)

21 juillet 1969, j'avais 22 ans ! Etudiante à l'école d'infirmières du Barbou à Liège, je venais de quitter l'internat et avec 2 copines nous venions d’emménager dans notre premier kot...
Ce matin du 21 juillet, je me suis réveillée et ai entendu la nouvelle à la radio... un petit transistor je pense. Quel événement ! Surprise, étonnement, quelle nouvelle !
Très sérieusement une de mes cokoteuse m'a annoncé: "Oh! je le savais, j'en ai rêvé cette nuit... J'ai tout vu, tout entendu..."
"M'enfin ce n'est pas possible !" lui ai-je répondu !
Coco, c'était son surnom, a toujours prétendu que c'était vrai !
J'ai toujours des contacts avec ma meilleure amie du Barbou, je vais lui transférer ce mail sans tarder.
Personnellement cet événement est lié à ma vie d'étudiante à Liège... Comme le temps passe !
J'ai suivi avec grand plaisir le reportage à la TV !

Devant la TV avec son beau-père

Jacques Meeus (Saint-Hubert)

Le 21 juillet 1969, j'étais chez mes beaux-parents. Mon beau-père et moi, nous étions levés pour vivre cet événement fabuleux. Fabuleux, c'est le terme adéquat avec la même étymologie que fable, l'homme avait décroché la Lune.
Quel grand pas pour l'humanité.
Quelle journée avec en plus, la victoire écrasante d'Eddy Merckx au Tour de France. Aussi un événement fabuleux.
Malgré mes 75 ans, je me souviens de ce jour comme si c'était hier.

Le "Petit Prince" comme lecture de vacances

Chantal Claus

J'avais 12 ans donc pas de télé si tard.
Mais le lendemain, j'ai pensé au "Petit Prince" de St-Exupéry (ma lecture des vacances de cette année 69). On irait un jour voir les étoiles....

Comme un réveillon en plein mois de juillet

Serge Tranchant

Quelle journée mémorable ! L’immense joie de la victoire d’Eddy Merckx dans le Tour de France à peine estompée, on était reparti pour un second marathon télévisuel, l’alunissage de Neil Armstrong sur la Lune : “Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité !”. C’était comme un réveillon en plein mois de juillet.
Dans nos rêves d’adolescents, Jules Verne et Hergé nous avaient déjà transportés sur notre satellite, mais cette fois, plus besoin d’imagination. On allait vivre, pratiquement en direct, les premiers pas de l’homme sur ce sol désertique, sur ce phare qui veille sur nous dès le coucher du soleil, depuis la nuit des temps !
Par la fenêtre, je regardais l’astre de la nuit ! Plus jamais, il n’aurait la même apparence car, à partir de ce jour, il ne serait plus l’inaccessible étoile !

Le 16 juillet 1969, sous le drapeau des États-Unis, la massive fusée Saturn V s'élève depuis le Centre spatial Kennedy. Quatre jours plus tard, Armstrong et Aldrin atterrissent sur la Lune.

Juste avant de partir voir Merckx à Paris

Michel Loquet (Farciennes)

Âgé de 22 ans, j'avais fait sonner mon réveil ce jour là pour ne pas manquer cet évènement. Devant notre poste de télévision, avec mon épouse et ma grand-mère, nous avons assisté avec une certaine angoisse à l'alunissage du Lem et à la descente d'Armstrong sur le sol lunaire. Impressionnant et souvenir inoubliable.
Quelques heures après ce reportage, j'ai pris la direction de Paris pour assister en compagnie de ma grand-mère (qui m'offrait ce voyage en train) à la victoire d'Eddy Merckx au Parc des Princes. Deuxième souvenir inoubliable sur la même journée.

Hergé avait déjà tout "gâché"

Philippe Bacus (Hotton)

Je venais de fêter mes 11 ans 4 jours plus tôt. J'étais debout vers les 3 heures du matin et j'ai assisté aux premiers pas de l'homme sur la Lune.
Pour autant que je me souviens, je n'ai pas été plus impressionné que cela. Hergé avait déjà tout "gâché" avec son album "On a marché sur la Lune".
Je mets le terme "gâché" entre guillemets car, à 11 ans, et déjà fan de BD, un tel événement ne peut plus vous impressionner quand vous avez lu l'album plus de 10 fois. Voilà comment on fait des jeunes des blasés... Hergé visionnaire comme Jules Verne?
Cependant, rétrospectivement, je me rends compte que j'ai eu la chance d'assister, en direct, à une première mondiale et historique.

Dans la salle de restaurant de l’hôtel

Pierre Sabbe (Maubray)

J’avais sept ans le 21 juillet 1969.
Je me souviens de très peu de choses de cette époque. Mais je me souviens avoir vu les premiers pas de Neil Armstrong sur une toute petite télé en noir et blanc, perchée dans un coin de la salle de restaurant de l’hôtel où je passais mes vacances avec mes parents, à Vianden, au Grand-Duché de Luxembourg.
On se souvient bien d'Armstrong, un peu d'Aldrin... et j'ai dû chercher sur le net le nom du troisième, Collins ! (C'est un peu comme les rois mages: je me souviens toujours de Melchior et Balthazar, et je dois chercher sur le net le nom du troisième, Gaspard.)
Ça m’a vraiment marqué.
Nous étions en train de dîner, le journal télévisé a annoncé la nouvelle, et le silence s’est fait.
Nous étions habitués aux combinaisons des astronautes, enfin tout ceux qui avaient lu Tintin « On a marché sur la Lune ».
Ce qui m’avait frappé à l’époque, c’était le manque de nature sur la Lune : pas d’arbres, pas d’herbe, seulement du gris, forcément, à perte de vue.
Avec le recul, je me dis que cet événement a presque été aussi important pour moi que la première victoire d’Eddy Merckx au Tour de France.
Une grande année, 1969 !

Deux soldats depuis la même caserne en Allemagne

Francis Colot

Je m’en souviens très bien. J’étais à l’époque caserné en Allemagne à Düren à la 17e Cie médicale. Mais cette nuit, je suis resté bloqué devant mon appareil TV ( nous recevions la RTBF). Je suis resté captivé par la technologie et les prouesses de ces deux astronautes.
J’en ai conservé en souvenir la photo (au 30e de sec) que j’ai faite de mon écran de télévision.
Ce fut un moment inoubliable.

Franz Charles (Grand-Leez)

Le 21 juillet 1969, j’effectuais mon service militaire à Duren en Allemagne. Il me restait 10 jours à tirer (j’allais être démobilisé le 31 juillet).
Ce 21 juillet restera à jamais gravé dans ma mémoire. Nous l’avons passé à la cantine de la caserne, devant une petite TV « noire et blanc »
Apres avoir suivi le triomphe d'Eddy Merckx sur le tour de France, l’après-midi, Nous avons eu l’autorisation de rouvrir le bar en soirée pour assister aux premiers pas de l’homme sur la Lune.
Inutile de vous dire que ces 2 évènements « historiques » ont été commentés et fêtés dignement jusque tard dans la nuit.

Deux photos de la télévision... qui n’ont rien donné

Régine Priels

On était avec mes parents devant le poste de télévision et mon père a pris une photo de l'écran de télé avec son petit Kodak pour immortaliser l'événement. Hélas nous étions bien déçus lorsque le film fut développé: les 2 photos prises n'ont données que la photo du poste de télévision. C'est un chouette souvenir et y penser me fait encore sourire.

Le 24 juillet 1969, l'équipage d'Apollo 11 amerrit dans l'Océan Pacifique.

On se posait plein de questions

Jean-Jacques Quevrain

J'avais 12 ans, mon père est venu nous réveiller, mon frère et moi à 2h du matin afin d'assister en direct devant la télé noir et blanc ! Nous ne voulions rater cet événement pour rien au monde !
Et personne n'y croyait. Une fois que le premier pas a été posé, la tension nerveuse est un peu retombée.
On se posait plein de questions du genre : ils vont se brûler les pieds, ils vont être emportés...
Et puis après cet épisode extraordinaire, on se disait : ils ne reviendront jamais
Puis le stress du retour sur la Terre, et enfin leur tête à tous les 3: des héros, des vedettes !
Un souvenir gravé dans ma mémoire pour toujours.

Une photo pour immortaliser l’événement

Myriam Laurent

Cette nuit-là, nos parents nous ont réveillés, mes frères et moi afin de suivre l'exploit à la télévision. Mes frères étaient âgés de 18 et 13 ans, et moi 11 ans.
Papa a photographié l'écran de télévision pour immortaliser les premiers pas sur la pellicule.

À la radio... tout en faisant quelques rondes

Jean-Claude Fagny

La nuit du 21 juillet 1969, je suis de garde comme sergent (milicien) avec un caporal de carrière à la caserne Callemeyn d'Arlon. Ce sera ma seule garde mais il est difficile d'en oublier la date.
J'avais amené avec moi la petite radio Philips que mes parents m'avaient achetée avant de partir pour Mechelen où j'ai passé 5 mois de formation.
J'étais rentré à Arlon en juin et on m'a assigné ce rôle de garde la nuit du 21 juillet. J'ai suivi en direct l'alunissage d'Armstrong et Aldrin tout en allant faire une petite ronde de temps à autre.
Ce souvenir d'une nuit blanche reste évidemment extraordinaire. J'avais 22 ans. Je me suis endormi vers 7h du matin, un peu dans la Lune.

Pas le sentiment d’un événement très exceptionnel

Serge Crutzen

Je n’avais pas de TV.
J’ai appris la nouvelle par la radio. Pour moi c’était l’aboutissement d’un projet bien mené.
Je n’avais pas le sentiment d’un événement très exceptionnel. J’étais admiratif de la conclusion positive d’un projet ambitieux mais pour lequel les moyens avaient été donnés sans restriction.

Une réponse de la NASA

Michel Cauquereaumont (Forest, Frasnes)

J'ai 75 ans et j'étais effectivement devant ma télévision, toute la nuit, pour assister aux premiers pas de l'homme sur la Lune. J'étais dans une sorte d'état second, une excitation incroyable pour assister à cet événement incroyable!
Le lendemain, toujours dans cet état d'excitation, j'ai décidé d'envoyer une lettre aux astronautes en Amérique, en demandant bien gentillement s'il était possible de recevoir une maquette du module lunaire. Quelle ne fut ma surprise quand (au moins 3 mois) plus tard, j'ai reçu un courrier de la NASA avec une grande photo dédicacée des astronautes, qui me spécifiait bien que la maquette suivait par colis séparé. Hélas, mille fois hélas, ce colis ne m'est jamais parvenu. Il a dû rencontrer un amateur sur sa route...

Avec deux sentinelles au Zaïre

Félix Marchal (La Bruyère) était au Zaïre et nous propose ce texte qui fait partie d’un recueil destiné à être publié prochainement:

J’ai regardé la Lune ...
Kitobola, Bas-Congo 21 juillet 1969
La nuit était tombée d’un seul coup. En quelques minutes, on était passé de la lueur finissante du soir à une obscurité complète.
Depuis deux mois, j’étais le nouveau responsable d’un poste d’élevage, situé en pleine brousse, aux pied des Monts de cristal, pas loin de la ville de Thysville.
Ce soir-là, un peu désœuvré, j’avais décidé de « jouer » avec le petit poste de radio émetteur-récepteur qui faisait partie de l’équipement mis à ma disposition. En principe, il m’était interdit d’utiliser ce poste de réception à d’autres fins que celles prescrites par mes employeurs. C’est-à-dire qu’il servait uniquement pour l’appel journalier obligatoire (si vous appelez, c’est que vous êtes toujours vivant, si vous n’appelez pas, on vient parfois voir). Cette procédure étant destinée, à nous protéger (?) autant que faire se peut, de toutes agressions ou manifestations hostiles, fréquentes en ce temps-là.
Je voulais écouter tranquillement une émission appelée « La voix de l’Amérique » qui était la seule parlant français que j’aie réussi à capter.
C’était une émission à la gloire des États-Unis d’Amérique. Elle diffusait souvent de la bonne musique et parfois d’intéressantes émissions d’information générale, certes orientées, mais qui me permettait de me tenir un peu au courant de ce qui se passait dans le monde.
J’ai eu de la chance pour cette fois. Peu après vingt-deux heures, j’ai obtenu par hasard, un reportage qui m’a tout de suite passionné. Le journaliste détaillait les opérations techniques auxquelles se livraient des pilotes d’aéronefs. Incrédule dans un premier temps, j’ai fini par comprendre qu’il s’agissait d’astronautes qui finissaient de poser leur navette sur la Lune !
Pourtant la réalité dépassait la fiction une fois de plus. Et je me souvenais de mes lectures, des albums d’Hergé, des aventures de Tintin, dont on disait à l’époque, que c’était des niaiseries, des carabistouilles. Qu’on ne marcherait jamais sur la Lune.
Et voilà maintenant qu’un homme allait réaliser cet exploit, et que je ne pouvais partager ce moment avec personne.
Surpris, enthousiasmé par ce que j’entendais, je n’ai plus lâché mon poste de radio. Quand j’ai compris qu’un des astronautes s’apprêtait à sortir de son engin spatial et à marcher sur la Lune, pour une fois, j’ai maudit mon isolement.
Quoi ! j’étais là, en pleine brousse, sans moyen de communication réel, et donc incapable de partager avec quelqu’un ce moment unique et incroyable sans précédent : un homme allait marcher sur la Lune.
Puis il me vint une idée, non, je n’étais pas seul, j’avais oublié que dehors, deux hommes montaient la garde.
Je me précipitai à l’extérieur. Un peu à l’écart, les deux sentinelles chargées de veiller à ma sécurité, conversaient paisiblement devant un petit feu censé les tenir au chaud.
Je n’avais qu’eux à qui annoncer la grande nouvelle. Ce que je fit sur le champs, dans une certaine incohérence, énervé que j’étais par la grandeur du moment et la difficulté de le raconter à mes deux sentinelles, interloquées par ma véhémence, eux qui, de toute leur vie, n’avais probablement jamais quitté leur village
J’interpellai les deux hommes, dans leur langue, le kikongo, que je commençais à pratiquer : je leur dis qu’un homme, un américain, s’apprêtait à arpenter le sol lunaire, qu’il allait sortir de sa fusée par une échelle et qu’il allait marcher sur la Lune. J’en balbutiais d’excitation jusqu’à m’énerver de leur manque de réactions.
Les deux gardiens, me regardaient, surpris par mon exaltation, et visiblement ne comprenant rien de ce que je leur disais. Alors, je recommençai mes explications, montrai la Lune, qui brillait au-dessus d’eux. Je leur expliquai ce qu’était une fusée, leur détaillai la fonction d’un astronaute et leur redit enfin qu’un homme allait marcher sur la Lune :
• Regardez, leur dis-je, un peu énervé, vous voyez la Lune là-haut, qui brille dans le ciel, et bien sur la Lune, maintenant, il y a une fusée, une sorte d’avion, et un homme va en sortir. Et il va marcher sur la Lune !
L’ainé, qui s’appelait André se leva lentement en me regardant, puis il tourna sa tête vers le ciel étoilé et fixa la Lune du regard. Il resta ainsi quelques moments sans bouger, puis il porta sa main à son front et s’en fit ainsi une visière. De nouveau, il regarda attentivement la Lune, puis il se tourna vers moi et me dit gentiment :
• Mais, Monsieur, je ne vois rien, est-ce que tu es bien, Monsieur ?
Puis après un moment de silence, il reprit :
• Est-ce que tu as pris ton médicament ? Tu n’as pas la Malaria ? Il faut te reposer, Monsieur, et prendre ton médicament…
Atterré, j’ai baissé la tête et j’ai remercié mes deux sentinelles pour leur gentillesse et je suis rentré dans la maison. Et seul, j’ai écouté à la radio la suite du récit d’un événement que j’avais été incapable d’expliquer correctement à mes employés, un événement qui, pour moi et pour beaucoup d’autres, était un des évènements les plus importants du siècle.
Et puis je suis allé me coucher...
C’était le 21 juillet 1969.

Grand-père n’y croyait pas

Nicole Lacroix

Mon grand-père qui à l'époque avait 97 ans ne voulait pas y croire. Il disait que c'était un mensonge. Il se fâchait lorsque l'on en parlait.
Moi j'étais au lit, mon frère est venu me réveiller, mais je n'ai pas eu le courage de me lever et je l'ai regretté.

Ouf! La TV dans la chambre d’hôtel

Philippe Moonens

Ce jour-là, j'avais 7 ans. J'étais en vacances à Honfleur.
A l'arrivée de notre Eddy Merckx national, nous nous trouvions en plein carrefour. Un CRS a abandonné son poste pour venir écouter la radio de la voiture, tout en laissant un concert de klaxons suite à l'embouteillage créé!
En fin de soirée, nous sommes descendus dans un hôtel. Oh surprise : dans la chambre une petite TV et mes parents et moi avons regardé, durant la nuit, l'arrivée d'un "maillot" sur la Lune!
2 événements inoubliables pour un enfant de 7ans qui en a aujourd'hui 63.

Les photos à l’intérieur des vitrines de L’Avenir du Luxembourg

Yvette Stiernon (Etalle)

Cette époque est pour moi un souvenir très fort, car vécue avec beaucoup d’émotion. Je m’en souviens… comme si c’était hier!
À ce moment, j’étais alors employée au service administratif de « L’Avenir du Luxembourg » à Arlon. Et comme j’attendais mon premier enfant, je quittais définitivement mon travail le 15 août pour donner naissance le 22 août à un petit garçon prénommé Laurent.
Or, cette année-là nous avions acheté notre premier poste de télévision pour suivre le Tour de France et les exploits extraordinaires d’Eddy Merckx! De ce fait, nous avons donc pu profiter pleinement des premiers pas de Neil Armstrong et d’Edwin Aldrin sur la Lune le 21 juillet retransmis par la télévision.
La journée du 20 juillet était un dimanche, nous l’avions passée en famille chez une belle-sœur à Lamorteau où c’était la fête au village. Nous sommes rentrés dans la soirée pour suivre les informations continues et avons attendu… l’heure fatidique! C’était le stress, chez nous mais aussi et surtout dans le camp de la NASA qui relatait minute par minute la prestigieuse aventure. On patiente, on retient son souffle, puis on assiste enfin à la sortie de Neil Armstrong et de son premier pas sur la Lune. On est sans voix devant un tel événement mais c’est certain on comprend que nous vivons un moment exceptionnel, une histoire fantastique, un grand pas pour l’humanité!
Le 21 juillet étant jour de congé, le 22 juillet dès notre arrivée au bureau de l’Avenir, nous avons avec ma collègue installé fièrement les nombreuses et belles photos provenant de l’agence Belga à l’intérieur des deux grandes vitrines de L’Avenir du Luxembourg, situées en ce temps-là rue des Déportés. Pendant toute la semaine qui suivit, ce fut un défilé ininterrompu de personnes admiratives et ravies de vivre par le reportage photographique un tel événement. La photo la plus appréciée et la plus commentée était bien sûr celle trônant au centre de la vitrine, celle montrant de façon impressionnante le fameux premier pas de Neil Armstrong sur la Lune !
C’est un agréable souvenir qui me suivra... jusqu’à la fin de ma vie !

La tête entre les deux sièges

Chantal Mollet (Ath)

Juillet 69, j’ai 3 ans et demi et je ne vais pas encore à l’école. Nous avons une télévision en noir et blanc, achetée à l’occasion de ma naissance pour distraire la grande personne qui s’occupe de moi quand ma famille est de sortie. À cette époque-là, il n’y a pas d’émissions la nuit ni le matin.
Un jour de juillet – je ne sais pas lequel mais c’est la saison des confitures – toute ma famille est en affaire. Depuis plusieurs jours, on ne parle que de cela : des hommes sont partis en fusée sur la Lune et on va les montrer à la télévision.
C’est excitant et ça fait peur. La Lune, je l’ai déjà vue dans le jardin le soir.
- Mais elle est si petite ! Des hommes vont marcher dessus ?!
On m’explique que la Lune est très-très loin et que c’est pour cela que je la vois toute petite. En réalité elle est très grosse.
- Ah !
Arrive le moment de regarder les hommes qui marchent sur la Lune. Il n’y a que maman et moi dans le salon. Deux fauteuils tendus de tissu jaune font face à la télé. Je suis cachée derrière celui de maman. Je glisse la tête entre les deux sièges pour observer à l’abri. Maman me dit que c’est très important ce qui se passe. Qu’on va en parler longtemps. Et je vois une forme blanche bizarre dans un décor sombre. Il paraît que c’est un astronaute.
- Pas très joli. C’est ça, la Lune ?
Bien des années plus tard, nous rénovons une maison en été. Le roi Baudouin vient de mourir. C’est le jour de ses funérailles. Mon fils aîné a 3 ans et il ne va pas encore à l’école. Sur le carrelage de la cuisine, une vieille télé portable en noir et blanc est reliée à l’antenne du grenier.
Il « neige » un peu sur le cortège funèbre. C’est un moment historique… Bastien s’en souvient encore aujourd’hui !

Merveilleux mariage en cachette en Écosse

Michel Léglise (VAULX)

Cette nuit-là, j'ai suivi l'épopée des Américains en direct à la télévision... depuis l’Ecosse ! Jamais je ne saurais oublier ce mois de juillet 1969, et pour cause. Voici mon histoire.
Le jeudi 3 juillet, je pars avec la fille que j' aime et que je ne voyais qu'en cachette, épisodiquement, car nos parents respectifs étaient absolument contre notre relation. Elle avait un peu plus de 20ans et moi, j'allais avoir 22ans le 28 juillet.
Notre destination: l' Ecosse, afin de nous marier. En effet, ce pays autorisait le mariage sans le consentement des parents. Nous étions obligés d'y séjourner minimum 21 jours avant de pouvoir se marier et donc le lundi 4 août, la cérémonie de mariage eut lieu à la mairie de Gretna Green dans le district de Dumfries. Aussitôt la cérémonie terminée nous prenions le bus pour Glasgow, le train jusque Londres puis jusque Douvres ensuite la malle pour Ostende puis le train pour Tournai. Une fois en ville, il fallait au plus vite trouver un traducteur juré, et l'adresse que l'on me proposa était celle de... mon ami Serge Mondo car les parents avaient encore la possibilité de faire annuler ce mariage s'il n'était pas traduit!
Ce mois de juillet et août 1969 restera gravé jusqu' à ma mort car pour moi, mon épouse m'ayant quitté le 16 septembre 2017 suite à sa maladie. En plus du courage et l'audace de partir sans que personne ne soit au courant et passer ainsi outre des idées, sans aucun fondement, de nos parents, je retiens 3 événements particuliers.
Le 1er, la victoire de notre Eddy national devant Pingeon avec plus de 17 minutes d'avance, au Tour de France dont j'écoutais les arrivées sur mon transistor en me tenant debout sur l'appui de fenêtre au premier étage afin de capter RTL...
Le 2e, les premiers hommes sur la Lune, moment que nous avons eu de la chance de voir en direct à la télévision du petit hôtel qui nous a servi de résidence durant tout notre séjour. Les tenanciers avaient invité tous les clients (une vingtaine) à regarder le reportage dans le salon et nous avaient même offert le café, le thé avec en accompagnement des friandises faites maison par la patronne pour cette occasion!
Le 3e, le plus merveilleux, le plus beau, mon rêve, notre mariage et les 48 ans de bonheur intense et notre seul enfant après 4 ans et demi de mariage.
Je souhaitais tant retourner dans ce patelin à l'occasion des 50 ans de mariage. Hélas cela ne sera pas possible .
Ces moments resteront impérissables, surtout le 3e, les 2 autres j'en parlais souvent mais avec les actualités de ce moment font que tout "remonte" à la surface.

Merci pour cette opportunité.

Aujourd’hui à l’ESA

Fabienne Delhaise

« Je suis responsable pour le segment sol de l'agence spatiale européenne mais ce n'est pas cet événement qui m'a directement orientée vers ce métier. J'ai juste toujours été passionnée par l'astronomie. Et je n'ai pas un grand souvenir du premier pas sur la lune mais je me souviens que
j'étais très très très fâchée sur ma mère. Elle s'était réveillée en pleine nuit pour voir cela à la télé et je lui en voulais beaucoup de ne pas m'avoir réveillée. Mais j'avais quatre ans et elle ne comprenait pas mon énervement. Elle avait ce petit sourire car c'était la seule de la famille à s'être réveillée pour voir ça. Et pour elle, bien sûr, il était évident qu'elle n'allait pas éveiller une enfant de quatre ans en pleine nuit. »

Réalisé par
Journaliste : Arnaud Wéry | Développeur : Joachim Krieger | Graphiste : Sébastien Cattalini | Photos : NASA