Quand dormir devient un calvaire…

"Mais qu'est-ce qui cloche dans mon sommeil?"

Un sommeil réparateur, ça s'apprécie toute la journée. On se sent restauré dès le réveil et on est d'attaque pour la journée
« S'il y a bien une chose que tous les hommes ont en commun, c'est le sommeil. Qui parmi nous n'a pas besoin de dormir pour être en forme ? Personne. »

Au sixième étage de la clinique Sainte-Elisabeth à Namur où il a installé sa propre Clinique du sommeil et de la vigilance, le docteur Jean-Benoît Martinot, pneumologue de formation, analyse les variables physiologiques de ses patients captées pendant la nuit. « Comme vous le voyez, je suis en train de scruter un examen médical très poussé qu'on appelle la polysomnographie, explique-t-il en montrant un des nombreux écrans d'ordinateur de la salle. Concrètement, on invite nos patients à venir passer une nuit dans des chambres individuelles entièrement pensées pour leur confort. On les équipe d'électrodes et de capteurs qui enregistrent leurs rythmes respiratoires et cardiaques mais aussi leurs activités musculaire et cérébrale. Dans certains cas, on les filme même à l'aide de caméras infrarouges. L'objectif est d'obtenir des données extrêmement précises sur la durée et la qualité de leur sommeil afin de pouvoir déterminer s'ils souffrent, ou non, d'apnées respiratoires ou de troubles moteurs par exemple. » Un travail extrêmement rigoureux qui nécessite une connaissance très pointue du sommeil, de son architecture classique et de ses particularités.


À l'image de la police scientifique, l'équipe du Dr. Martinot scrute donc chaque indice permettant de mettre en lumière des anomalies enregistrées durant le sommeil. Des anomalies qui, souvent, apparaissent durant des stades très précis de l'endormissement.


« Là encore, nous nous trouvons face à un superbe cas de troubles moteurs, poursuit Jean-Benoît Martinot en faisant aller son doigt de haut en bas sur une des ondes du polysomnographe. On peut voir que l'activité musculaire du patient est encore très intense alors qu'elle devrait être quasiment nulle. Regardez bien les images enregistrées sur la caméra : on y voit de petits spasmes à hauteur des pieds. Ça n'a l'air de rien mais ce petit mouvement incontrôlable va empêcher ce monsieur de récupérer normalement. C'est ce qui participe sans doute à sa fatigue chronique. »

Ce type de trouble du sommeil, l'équipe de la clinique Sainte-Elisabeth en voit régulièrement. Pas question pour autant de faire une généralité : « Ce n'est pas parce qu'on dort mal une ou deux fois qu'un examen médical ou un traitement est toujours nécessaire. » A partir de quand doit-on alors réellement s'inquiéter ? « Selon moi, chacun doit pouvoir écouter son corps et son entourage pour se faire une idée précise de la qualité de son repos, estime le chef de la Clinique du sommeil et de la vigilance. Si vos niveaux de performances physiques et mentales ne sont pas optimales en journée, et que ça persiste dans le temps, il faut consulter. Idem si vous avez souvent l'impression d'être somnolent au boulot ou au volant. Enfin, si votre partenaire de sommeil vous dit que vous bougez beaucoup dans votre lit ou que vous ronflez fortement lorsque vous dormez, c'est sans doute aussi qu'il y a un problème plus profond. » Et en terme de ronflements, Jean-Louis en connaît un rayon…

Ces détails qui bouffent nos nuits

Des facteurs génétiques constituent un terrain favorable à l'apparition de certaines pathologies, mais ce n'est pas tout. Notre hygiène de vie par exemple conditionne beaucoup notre sommeil.

Jean-Louis a 58 ans. Les troubles du sommeil, ça le connaît. Et pour cause, ça fait près de 45 ans qu'il rencontre des difficultés à faire des nuits complètes. « Ça me suit depuis que je suis tout-petit, mais les premières remarques dont je me souviens avec précision datent de l'époque où j'étais à l'internat. Je devais avoir 12 ans. Je me rappelle qu'on me réveillait pendant mon sommeil parce que mes ronflements empêchaient toute la chambrée de s'endormir. Sincèrement, je faisais trembler tous les murs ! »

Confortablement assis dans le canapé de son salon, Jean-Louis ne compte plus le nombre d'anecdotes liées au bruit qu'il fait la nuit. « Partir avec moi en camping et passer la nuit dans des tentes, c'est impensable : aucun voisin ne parviendrait à fermer les yeux. Déjà que mes proches, même avec l'habitude, ont parfois du mal à enchaîner plusieurs heures de sommeil. » Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir mis le doigt sur le noeud du problème.

« Assez rapidement, les médecins sont parvenus à cibler ce qui n'allait pas chez moi, se souvient Jean- Louis. En fait, mes sinus sont abîmés et toutes les muqueuses sont cicatrisées : c'est un peu comparable à des lèvres gercées. Mon nez est toujours encombré et ça m'oblige à respirer constamment par la bouche. Du coup, je fais parfois quelques apnées et, très souvent, je ronfle. »

Ce genre de complication, Jean-Benoît Martinot en rencontre de temps en temps. « Ces perturbations de type respiratoire sont plus fréquentes chez des personnes qui ont une morphologie cranio-faciale à risque. Parce que leur mandibule est un peu en retrait, qu'ils ont le menton fuyant, ils ont plus de difficultés à respirer normalement. » Et c'est encore pire si le tissu graisseux qui se trouve sur les parois latérales de leur pharynx est important, car ça obstrue encore plus les voies respiratoires.

Bien sûr, tous les troubles du sommeil ne trouvent pas leur explication dans la génétique familiale. « Ce n'est pas parce que vos parents font des apnées lorsqu'ils s'endorment que ce sera forcément le cas pour vous : il y a aussi les facteurs extérieurs. » A commencer par notre mode de vie.

« Selon plusieurs statistiques, nous dormons en moyenne près d'une heure en moins qu'il y a 100 ans, souligne Marie Bruyneel, pneumologue et responsable du Laboratoire de sommeil à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles. Pourquoi ? Parce que notre société a évolué très vite et que certaines mauvaises habitudes ont la vie dure. » Exemple avec les écrans numériques. « Nous vivons dans un monde hyper-connecté où on a toujours les yeux vissés sur une télévision, un ordinateur, un smartphone ou une tablette. Tout ça est très néfaste pour notre sommeil puisque la lumière bleutée émise par ces écrans fait chuter notre sécrétion de mélatonine, l'hormone qui participe à l'endormissement. C'est un exemple qui touche évidemment plus souvent les jeunes mais ce n'est pas le seul… » Le stress du boulot, le développement de la vie nocturne ou encore la surconsommation de médicaments sont tout aussi toxiques, comme le rappellent les spécialistes et le soulignent les chiffres récoltés en 2013 par le SPF Santé publique lors de sa dernière grande enquête nationale.

Autre exemple, autre cause. Pendant 30 ans, Lodia n'a dormi que d'un oeil. « J'étais infirmière, raconte cette retraitée toujours très active. J'avais choisi de travailler en horaires décalés pour être plus proche de mes enfants durant la journée. C'est un choix de vie que je ne regrette pas, mais je me suis assez vite rendue compte que je ne récupérais pas aussi bien que je le souhaitais en journée. »

Incapable de se relâcher complètement durant plusieurs heures - « Je ne voulais pas délaisser mes deux filles et mon fils » - Lodia ne parviendra jamais à adapter son sommeil à ses horaires : « C'était pénible parce que je n'arrivais pas à faire des nuits normales, même lorsque j'étais en récupération. Je me souviens qu'à l'époque, il m'arrivait de me réveiller à deux heures du matin pour grignoter un petit bout, parce que c'était l'heure à laquelle on mangeait à la clinique. Tout ça fait qu'aujourd'hui, malgré le fait que je suis pensionnée et que je prends un relaxant, je n'arrive toujours pas à retrouver un sommeil naturel. Il n'y a pas si longtemps que ça, j'étais encore éveillée pendant une bonne partie de la nuit. Et c'est encore pire lorsque je me tracasse pour tel ou tel sujet. » Dans le jargon, on appelle ça une insomnie psychophysiologique. « Les relevés épidémiologiques démontrent que le taux d'insomnie est plus prévalent chez la femme », note d'ailleurs Jean-Benoît Martinot. De là à penser que les femmes sont plus susceptibles d'être affectées par un (ou plusieurs) trouble(s) du sommeil, le chef de la Clinique du sommeil et de la vigilance à Sainte-Elisabeth à Namur, préfère rester prudent.

Car, ce que ne montre pas les chiffres du SPF Santé publique (2013), « c'est que les apnées du sommeil sont plus présentes chez l'homme d'âge moyen par exemple », poursuit le Dr. Martinot. « Alors oui, il existe sans doute des différences entre les sexes, mais elles tendent à se réduire au fil des années, comme le prouvent des chiffres révélés dans The Lancet Respiratory Medicine du mois février. »

Si le sexe influence un peu l'apparition des troubles du sommeil, ce n'est pourtant pas le seul indicateur. « C'est là qu'il faut être mesuré, estime le pneumologue de formation. L'âge par exemple joue aussi un très grand rôle dans le développement de certaines pathologies. Pourquoi ? Parce que le contrôle de la musculature du pharynx s'émousse avec l'âge. Ou encore parce que le manque de fer aussi ne permet plus de piloter aussi bien les muscles. Sans compter qu'on développe des maladies cardio-circulatoires avec le temps. Et si votre coeur vous fait souffrir, vous allez rencontrer des complications respiratoires pendant le sommeil. C'est logique et ça se complique encore plus lorsqu'on évoque les pathologies connexes… » Bref, tout est dans tout et chaque patient est différent.

Mauvaise nuit ? Mauvaise journée !

Quand le docteur m'a reçu, ses paroles m'ont servi d'électrochoc. Il m'a dit : « Soit vous mourez durant votre sommeil, soit vous terminez votre vie dans une chaise roulante, soit vous vous soignez.

Pas besoin d'avoir vécu beaucoup de nuits blanches pour savoir qu'une dette de sommeil a des répercussions directes sur notre métabolisme. Digestion difficile, manque de punch ou encore difficulté à se concentrer, certains réveils sont parfois cruels et nous rappellent l'importance d'un bon repos.

L'importance du sommeil

Dire que le sommeil est important est sans doute un euphémisme. Ainsi, malgré le fait que l'étude même du sommeil est une science assez jeune, les scientifiques et spécialistes s'accordent tous sur ses bienfaits.

Chez le jeune, une bonne nuit de repos permet non seulement de sécréter des hormones nécessaires à la croissance et de récupérer physiquement mais elle joue aussi un rôle important dans la stimulation des défenses immunitaires.

Tomber dans les bras de Morphée est aussi conseillé pour renforcer la mémoire et la capacité d'apprentissage. Mieux, dormir permet aux neurones de solutionner les problèmes de la journée.

Enfin, le sommeil participe à la réduction du stress et de l'anxiété.

Mais au-delà des effets directs liés à la fatigue, les médecins spécialisés dans les troubles du sommeil évoquent également l'apparition de quelques pathologies « secondaires » comme l'obésité. « Grâce à des études menées depuis 2005 en Belgique, on constate que les gens qui dorment moins risquent plus souvent de prendre du poids car ils ressentent moins la satiété, affirme le docteur Jean-Benoît Martinot de la clinique Sainte-Elisabeth, à Namur. De même, on s'est rendu compte qu'une dette de sommeil pouvait dérégler le fonctionnement des récepteurs qui gèrent l'insuline, ce qui expose au diabète. Enfin, plus on fait d'apnées durant son sommeil, plus le risque d'hypertension artérielle systémique est grand. » Pire, dans certains cas, souffrir d'un trouble du sommeil peut réveiller un deuxième dysfonctionnement du même type.

Ainsi, il n'est pas rare de voir des personnes cumuler des affections respiratoires et des handicaps moteurs. Les muscles réagissant au manque d'oxygène en bougeant un peu durant le sommeil.

Françoise a 68 ans. Cela fait plus de quatre ans que les médecins lui ont diagnostiqué des apnées du sommeil. « J'en faisais entre 6 et 7 par nuit, se souvient-elle. Mais depuis que je dors avec un masque respiratoire (CPAP, ou support ventilatoire, NDLR), je n'ai plus aucun problème de ce niveau-là. Par contre, quelques mois plus tard, on m'a soigné pour des douleurs récurrentes aux jambes, sans qu'on ne découvre rien. Ce n'est qu'après, lorsque j'ai passé ma visite annuelle de contrôle pour ma CPAP qu'un médecin m'a dit que je souffrais du syndrome des jambes sans repos. » Résultat ? Un traitement adapté (le Sifrol, NDLR) qui porte ses fruits.

Et si aujourd'hui, « tout va pour le mieux », Françoise reconnaît qu'elle aurait peut-être dû s'inquiéter un peu plus tôt pour son état de santé. « C'est en entendant ma famille me faire des remarques et s'inquiéter de mon sommeil que j'ai commencé à en prendre conscience. Pourtant, avec le recul, je me dis qu'il y avait certains signes qui auraient dû m'alerter. » A commencer par sa somnolence au volant. « Il m'arrivait de piquer du nez lorsque la route était monotone. Aujourd'hui, je me dis que c'est criminel, surtout quand on est conscient de ça. »

Les dangers de l'insomnie au volant

Selon une étude menée auprès de 2.500 conducteurs et publiée en 2015 par l'Institut belge pour la sécurité routière (IBSR), 1 trajet sur 20 est effectué, en Belgique, par un conducteur somnolent.

Si passer plus de 4 heures par jour au volant multiplie par 8 le risque de somnolence au volant, avoir dormi entre 0 et 4 heures est le deuxième facteur le plus accidentogène car il multiplie, en moyenne, par 5 ce même risque de somnolence.

Des horaires irréguliers, l'insomnie chronique, dormir entre 4 et 8 heures par jour, souffrir de somnolence diurne excessive et l'obligation de se lever tôt multiplient, en moyenne, par deux le risque de somnolence au volant.

Enfin, bien qu'il n'existe aucune donnée exacte sur le pourcentage d'accidents dus à la fatigue, la recherche internationale suggère qu'elle serait en cause dans près de 20% de tous les accidents graves.

Source : IBSR

« Ce qui était aussi difficile à vivre parfois, c'était mon manque de ressort, raconte Françoise. S'endormir dans le canapé en pleine journée parce qu'on n'a pas fait une nuit complète, c'est compliqué à gérer d'un point de vue familial. On n'arrive pas toujours à suivre le reste de la maison. Et ça, c'est très ennuyant. »

Ce genre d'anecdotes, Lodia n'en manque pas non plus. Elle le reconnaît sans peine, « quand on ne dort pas assez, ça pèse sur le moral et les émotions » : « Je me sentais plus nerveuse lorsque j'étais fatiguée. Plus susceptible aussi. On pouvait venir me parler bien sûr, je n'étais pas méchante… Mais j'aimais bien que les enfants écoutent ce que j'avais à dire. Par exemple, pour les devoirs, il fallait que ça file droit. »

Comme on le constate, le manque de sommeil peut avoir un impact sur l'humeur de chacun, mais également sur leur comportement. C'est le cas de Jean-Louis qui, à cause de ces ronflements, a décidé de faire chambre à part : « J'en avais notamment assez de voir que ça empêchait ma femme de se reposer complètement. »


Pyschologue, psychothérapeute et co-fondateur de du Centre d'Etudes des troubles du sommeil de l'institut médical Edith Cavell, à Bruxelles, Roland Pec n'est pas surpris par ce dernier témoignage. « Même si un cas n'est pas l'autre, certains patients avouent clairement avoir peur de s'endormir car ils savent que ça peut provoquer des problèmes relationnels avec le reste de leur famille. Il s'agit en fait d'un conditionnement psychologique : la personne se tend juste avant de se glisser dans son lit. Elle peut alors faire une fixation sur ses difficultés à passer une nuit normale et crée elle-même, en partie, des obstacles supplémentaires à son endormissement. Dans ce type de cas, le patient entre dans un cercle vicieux dont il n'est pas toujours facile de s'extraire. C'est un peu l'image du serpent qui se mord la queue. » Heureusement, des solutions existent.

Que faire pour enfin mieux dormir ?

Bien dormir, ça se mérite. Dans certains cas, ça demande juste un peu de bon sens.

Tant d'un point de vue purement physique que d'un point de vue psychologique, soigner les troubles du sommeil n'est plus aussi compliqué qu'il y a encore 20 ou 30 ans.

« A l'époque, au début des années 90, la chirurgie prenait une place importante, note Jean-Benoît Martinot. Mais on en revient parce qu'il y a eu pas mal de complications… Aller tailler dans la luette ou dans le voile du palais, le redresser en injectant je ne sais quoi ou en l'exposant à certaines ondes n'est plus trop conseillé : on a peut-être des effets à court terme sur les ronflements mais ça ne dure jamais plus de quelques semaines ou quelques mois. Le rapport bénéfices-effets secondaires n'est pas favorable. » A 58 ans, Jean-Louis, qui a subi près d'une demi-dizaine d'opérations similaires, abonde dans ce sens.


Fini donc les opérations à tout-va. Excepté peut-être l'ablation des amygdales chez les enfants, les spécialistes préfèrent désormais miser sur des traitements beaucoup moins lourds, comme le masque respiratoire de Françoise. « Par exemple, l'orthèse d'avancée de la mandibule est une des alternatives imaginées, explique Dr. Martinot. Il s'agit d'un petit appareil qu'on fait faire sur mesure et qui consiste à avancer la mandibule en avant afin d'ouvrir les voies respiratoires de l'arrière gorge pendant la nuit. Il existe aussi des voies d'avenir comme ce système de neurostimulation dont le principe est tout simple : un électrode déposé sur le nerf de la langue envoie un signal en cas de suspicion d'apnée. Dans tous les cas, peu importe le traitement, il est important que le patient y adhère à 100%. » Et ce n'est pas le docteur Pec qui dira le contraire.

« A toutes ces personnes qui s'inquiètent de leur insomnie, surtout lorsque celle-ci est transitoire, j'aimerais leur dire que rien n'est vraiment grave, rassure Roland Pec. Il suffit parfois de pas grand-chose pour retrouver le sommeil. Pour bien dormir, il faut se relâcher, ne pas se mettre de pression inutile. » Et accepter aussi de mettre en place quelques règles d'hygiène élémentaire.

Trop de somnifères

Bien que des médicaments soignent certains patients de leur(s) trouble(s) du sommeil, les somnifères sont rarement la solution à ce type de problème. Et malheureusement, les médecins belges seraient trop prompts à en prescrire, selon une enquête publiée en mars par Test-Achats.

Ainsi, l'association de défense des consommateurs a noté que 69% des médecins généralistes consultés par son échantillon-test (des femmes entre 52 et 62 ans souffrant d'insomnies et dont le récent déménagement s'avère compliqué, NDLR) ont prescrit une ordonnance pour un somnifère au bout d'un seul rendez-vous.

Pire, 7% des généralistes ont uniquement prescrit un antidépresseur.

De façon globale, 76 % des médecins consultés ont délivré une ordonnance qui, de l'avis de Test-Achats, ne se justifie pas lors d'une première consultation, à cause, entre autres, des effets secondaires potentiels.

Source : Test-Achats

Boire une tisane, lire un bouquin ou encore ne pas consulter son smartphone au lit. Bien dormir se prépare donc. Et s'apprend dans certains cas…

Pneumologue et responsable du Laboratoire de sommeil à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, Marie Bruyneel forme des psychologues aux traitements cognitivo-comportementaux de l'insomnie. « Cette thérapie s'adresse principalement aux gens souffrant d'insomnie primaire, à savoir ceux dont le sommeil n'est pas réparateur et/ou qui ont du mal à s'endormir. Ses principes sont simples : éduquer les patients au sommeil et leur apprendre à gérer leurs temps de repos à l'aide de nouvelles règles d'hygiène. C'est très important, surtout dans notre société où nos journées filent à toute vitesse, où on rogne considérablement sur nos heures de sommeil et où on prend de mauvaises habitudes avant de s'endormir. » C'est que les clichés ont parfois la vie (très) dure.

"Rien n'est jamais perdu..."

Savourer votre sommeil !

Des nuits rythmées par l'ampleur des ronflements de Jean-Louis aux doux rêves de Françoise en passant par les micro-éveils plus ou moins fréquents de Lodia, dormir longtemps et bien n'est pas donné à tout le monde.

« A partir d'un certain moment, je pense que chacun parvient à tirer le meilleur de sa situation, estime Lodia. A force, on apprend à connaître son corps. Moi, je sais que je dors rarement très longtemps. Hé bien, j'en profite pour bouquiner un peu pendant la nuit... Ça me délasse tout en me donnant l'impression de ne pas perdre inutilement mon temps en cherchant désespérément le sommeil. » Et c'est peut-être là le premier pas vers un sommeil réparateur.

Comme l'explique le docteur Roland Pec, « se focaliser sur son sommeil lorsqu'on a du mal à s'endormir n'est pas une bonne chose car cela accroît un certain mal-être. » A l'inverse, il faut pouvoir se détacher de cet étau invisible qui comprime à la fois le corps et l'esprit. Comment ? En trouvant l'activité qui permet à chacun de se relaxer complètement.

Et s'il n'existe pas de remèdes miracles, il y a une chose sur laquelle tous les spécialistes s'accordent : « Le sommeil est un moment particulier de la journée. Il se mérite autant qu'il se savoure. »

Reportage : Alan Marchal
Webmaster : Cédric Dussart