Une exposition à Anvers consacrée aux dinosaures va accueillir un nouveau spécimen : le Torvosaurus gurneyi. Un dinosaure déterminé par un jeune scientifique belge. Nous avons visité l'atelier dans lequel ce dinosaure a retrouvé vie…
Tout a commencé il y a une dizaine d’années, lorsqu’un paléontologue amateur hollandais, Aart Walen, découvre, au bas d'une falaise du Portugal, un fossile d’un dinosaure jusqu’alors encore inconnu. C’est un jeune scientifique belge, Christophe Hendrickx qui, grâce à des recoupements et comparaisons avec d’autres espèces connues, a pu déterminer qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce de dino : le Torvosaurus gurneyi. C’est ce monstre de plus de 10 mètres et avoisinant les 4 à 5 tonnes qui est la nouvelle star de l’expo anversoise Dino Adventure. Une exposition qui présente une cinquantaine de maquettes grandeur nature de dinosaures particulièrement réalistes et impressionnantes.
C’est le long travail de Christophe Hendrickx qui a mené à la reconstitution de ce nouveau dinosaure. C’est ensuite dans un atelier spécialisé en Allemagne, le Bernd Wolter Design, que la maquette grandeur nature du Torvosaurus gurneyi a été réalisée. Cette brave bête n’est autre que le plus grand et plus féroce tueur carnivore d’Europe. Il y vivait il y a 150 millions d’années à la fin du Jurassique.
On l’appelle parfois le cousin européen du T-rex pour certaines caractéristiques qui les rapprochent. Ils avaient tous les deux la gueule remplie de grandes dents très pointues d’environ dix centimètres de longueur (une de ces dents a été découverte avec le fossile par Aart Walen), de grandes pattes arrière solides et des bras courts et puissants avec des griffes pour déchirer leurs proies. À cette époque lointaine, les côtes du Portugal jouxtaient celles de l’actuelle Amérique. C’est ce qui a permis de retrouver certaines similitudes avec le Torvosaurus « américain » et de définir cette nouvelle espèce de Torvosaurus dit gurneyi. Et c’est donc le jeune paléontologue belge Christophe Hendrickx qui a défini cette nouvelle espèce.
Comment est-on passé de la découverte de ce fossile vieux de 150 millions d'années à une maquette grandeur nature d'un dinosaure ? C'est ce que nous vous proposons de découvrir dans ce webdoc.
Mais avant toute chose, nous vous rappelons les moments clés dans l'histoire des dinosaures et vous invitons à faire connaissance avec notre guide tout au long de ce documentaire : Christophe Hendrickx. Le jeune paléontologue retrace dans la vidéo ci-contre la découverte du fossile de ce Torvosaurus gurneyi.
- 248 millions d'années : début du Trias. Les tous premiers dinosaures, de petites taille, apparaissent.
- 206 millions d'années : début du Jurassique. Apparition des dinosaures géants, c'est l'âge d'or des dinosaures.
- 144 millions d'années : début du Crétacé. Les plus gros dinosaures ont laissé la place à des espèces plus extravagantes : à bec de canard, à tête d'oeuf, à cornes. C'est à cette époque qu'apparait le Torvosaurus gurneyi.
- 130 millions d'années : formation de l'océan atlantique et de l'océan indien.
- 110 millions d'années : premiers mammifères vivipares.
- 70 millions d'années : apparition du Tricératops et du Tyrannosaurus rex.
- 65 millions d'années : extinction des dinosaures.
Christophe Hendrickx, le paléontologue belge qui a déterminé le Torvosaurus gurneyi, a 31 ans et est originaire de Jodoigne. Passionné par les dinosaures depuis l'âge de 6 ans, il a obtenu un diplôme en géologie à l'Université de Liège et un master en paléontologie à l'Université de Bristol. Il est actuellement doctorant à l'Université Nouvelle de Lisbonne où il prépare une thèse sur "L'évolution des dents et os porteurs de dents chez les dinosaures théropodes". Il a déjà parcouru de nombreux pays, en Europe, Amérique du Sud, Sibérie, Moyen-Orient, pour examiner des fossiles et étudier des sites où subsistent des ossements de dinosaures.
Comment passer du fossile de mâchoire à la maquette grandeur nature de l’animal entier ?
C’est le travail d’expert de Jacob, artisan sculpteur de l’atelier Bernd Wolter Design, à Loccum, en Allemagne.
C’est un travail artistique et scientifique, fruit d’une étroite collaboration entre l’artisan et le paléontologue.
Une première maquette, en bois ou en polystyrène industriel, est réalisée à l’échelle 1/10e, à partir de dessins.
Après correction et approbation par le paléontologue, on passe à l’échelle originale.
Ensuite, et c’est ici l’étape que l'atelier entoure d'un total secret, la maquette est enduite de fibre de verre, collée puis séchée.
L’artisan vide alors l’intérieur en polystyrène.
Vient enfin la dernière étape qui consiste à peindre l’animal.
Mais certaines difficultés subsistent : on peut définir avec exactitude beaucoup de chose concernant les dinosaures mais pas leur couleur. Cela reste du domaine des suppositions et recoupements avec des animaux actuels (reptiles ou mammifères).
L’atelier fournit des parcs, musées, centre commerciaux mais aussi des particuliers avides de sensations exotiques.
Dans notre vidéo ci-contre, plongez-vous dans l'ambiance de cette fabrique pas comme les autres…
Imaginez un parc animalier tel Pairi Daiza ou Planckendael rempli de… dinosaures. Ou plutôt de maquettes de dinosaures grandeur nature et particulièrement réalistes. Ce parc se situe à environ 400 km de Namur, à Münchehagen, en Allemagne (près de Hanovre). Il se trouve dans le village à côté de l'atelier où tous ces dinosaures ont trouvé "vie". Vous pourrez y découvrir une centaine de dinosaures dans leur élément naturel. Particulièrement impressionnant, le diplodocus "long cou" d'une vingtaine de mètres de long. Les enfants pourront également y apprendre les premiers gestes d'un paléontologue dans une plaine de découverte. Ces maquettes de dino sont particulièrement réalistes mais elles sont immobiles. Parce que les dinosaures qui bougent… font peur aux enfants. On regrettera juste que tous les panneaux didactiques soient bilingues anglais… allemand. Découvrez le parc en compagnie de notre guide Christophe Hendrickx dans notre vidéo ci-contre (à droite). Ce parc spectaculaire a été construit autour de ce qui est désormais un monument historique national : les « dinosaur tracks de Münchehagen ». Ce sont des dizaines d’empreintes de pas de dinosaures celées dans une roche plate et qui ont été découvertes par hasard lors d’exercices des pompiers locaux dans une ancienne carrière. On peut imaginer qu'il y a 140 millions d'années, la topographie des lieux était bien différente et probablement constituée d'îlots séparés par des étendues d'eau peu profonde. Les dinosaures pouvaient donc passer d'un îlot à l'autre pour trouver de la nourriture. Ils laissaient alors leurs empreintes dans la vase au fond de l'eau. Suite à des mouvements divers, le fond de l'eau a été recouvert d'alluvions et a donc été protégé. Ces traces de pas particulièrement bien préservées sont désormais abritées sous un grand hangar. Découvrez-les dans notre vidéo ci-contre (à gauche). Mais il n'y a pas qu'en Allemagne que l'on trouve ce type de vestiges préhistoriques. Outre ici à Münchehagen (3 premières photos ci-dessous), on en trouve au Turkménistan, au Yémen (photo 4 ci-dessous © Belga), mais également aux États-Unis : au Dakota (photo 5 © Google) et Utah (photo 6 © University of Utah). Des traces de pas similaires qui peuvent être observées de près.
Dernière étape du parcours de ce parc préhistorique, l'atelier "fossiles". Là, des experts récupèrent des roches contenant des vestiges préhistoriques (des os principalement, des empreintes diverses) et nettoient cette roche pour en extraire les os, les fossiles. C'est ce que nous explique Christophe Hendrickx dans notre vidéo ci-contre.
En Belgique, le site pré-historique le plus célèbre est celui de Bernissart. C'est en avril 1878 que les mineurs de la fosse Sainte-Barbe ont découvert, dans une poche d'argile à 322 mètres de profondeur, des squelettes fossilisés correspondant à un troupeau d'ornithopodes (des dinosaures à bec de canard) appelés iguanodons. L'état de conservation de ces squelettes était exceptionnel. La direction de la mine a alors prévenu l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Trente squelettes complets avec plusieurs os de squelettes incomplets et des plantes fossiles, soit quelques dizaines de tonnes, ont été extraits avec beaucoup de difficultés. Les squelettes ont été placés dans une immense vitrine à hygrométrie et température contrôlées au Muséum des sciences naturelles de Belgique (à Bruxelles) où ils sont exposés. Le site paléontologique de Bernissart est unique au monde. L'espèce retrouvée a reçu le nom d’Iguanodon bernissartensis, ce qui signifie "Iguanodon de Bernissart".
Aujourd’hui, il existe à Bernissart un musée de la géologie, le "Musée de l’Iguanodon", rassemblant une impressionnante collection de minéraux et de fossiles. Mais par contre plus aucune fouille ou extraction n'y est prévue. Pourtant, il est quasi certain que les entrailles de Bernissart peuvent encore révéler de nouveaux et nombreux squelettes. Mais probablement pas de nouvelles informations. Que l'on retrouve 30 ou 50 squelettes ne change pas grand chose d'un point de vue scientifique. Et les énormes frais nécessaires à de tels travaux peuvent être investis ailleurs dans le monde, sur des sites qui, eux, peuvent révéler de nouvelles connaissances scientifiques. Dans notre diaporama ci-dessous, la vitrine des iguanodons au Muséum des sciences naturelles à Bruxelles (© Belga) et une image d'époque de la découverte des squelettes (© Reporters).
L'accouplement des dinosaures pouvait être fatal à la femelle, qui pouvait être écrasée par le mâle pesant plusieurs tonnes.
Le plus grand dinosaure connu s'appelle l'argentinosaure. Il mesurait 35 mètres de long et pesait entre 80 et 100 tonnes. L'amphicoelias pouvait mesurer jusqu'à 65 mètres de long, 10 mètres de haut et peser entre 80 et 95 tonnes mais sa classification n'a pas encore été officialisée, les vestiges trouvés sont jugés trop incomplets par certains scientifiques.
Les plus grands dinosaures étaient herbivores.
Les dents du T-rex continuaient à pousser. Lorsqu'une dent se cassait, une autre poussait pour prendre sa place.
Le cerveau du stégosaure, un autre dinosaure du Jurassique supérieur, faisait la même taille que celui d’un petit chat, alors que ce dinosaure pesait le poids de près de 3.000 petits chats.
Une flatulence d'un seul diplodocus générait suffisamment de gaz pour remplir une montgolfière !
Un petit dinosaure du Crétacé s'appelle le bambiraptor. C'est le fils du paléontologue auteur de sa découverte qui a choisi le nom. On a donc échappé à barbieraptor, pokemonosaure, actionrex-man et autres joyeusetés…
Le Dinosaurier Park de Münchehagen est ouvert de mars à novembre. Infos sur www.dinopark.de .
L’exposition d’Anvers propose une cinquantaine de ces dinosaures, dont le fameux Torvosaurus gurneyi de Christophe Hendrickx. Les dinosaures sont présentés dans un contexte naturel. Deux audioguides, un pour les enfants, un autre pour les parents, permettent de suivre l’expo de manière didactique. Parce que les dinos, bien au-delà de l’univers de Jurassic Park, c’est une aventure ludique mais c’est aussi avant tout une aventure scientifique dont on ne connaît encore que les premiers chapitres.
L’exposition Dino Adventure, à la gare d’Anvers, du 25 juin au 31 août. Tous les jours sauf le lundi. Entrées à 12,95 € pour les enfants et seniors; 14,95 € pour les adultes; 49,95 € pour les familles (2+2). Possibilité pour les enfants de camper sur place le vendredi soir. Infos sur www.expo-dino-adventure.be ou www.sherpa.be
Découvrez notre dossier
"Les dinosaures sont à nos portes"
dans L'Avenir de ce samedi 28 juin 2014.
Reportage : Jacques Duchateau
Infographie : Bruno Lapierre
Webmaster : Philippe Gerday